Spectres musicaux : comprendre la limitation sonore

  • Post last modified:14 février 2024

Les niveaux sonores limites, le véritable enjeu des Etudes d’Impact des Nuisances Sonores

Exemples de limiteurs acoustiques conformes à la NFS 31-122 et à l’arrêté du 17 avril 2023 / décret 2017 sur les sons amplifiés

Les Etudes d’Impact des Nuisances Sonores des lieux musicaux conduisent le plus souvent à prescrire des niveaux sonores limite à consigner au système électroacoustique installé à demeure.

En effet, la présence de riverains, souvent en mitoyenneté, induit potentiellement des nuisances, souvent dans les basses fréquences.
Plutôt que de réaliser des travaux très lourds, la limitation à l’aide de limiteurs/compresseurs/processeurs audio est un moyen économique et efficace pour réduire les nuisances sonores, lorsque l’isolement vis à vis des tiers est suffisant, et lorsque le budget de travaux est lui même aussi limité. Sans compter les possibilités « réelles » de travaux, soumises à des autorisations et à des contraintes techniques et structurelles.

Cette définition des niveaux sonores comporte plusieurs paramètres:

  • Le niveau global moyen préconisé, dont l’indicateur est le Laeq, exprimé en dB(A) et sur une durée d’intégration la plus faible possible. C’est généralement cette valeur qu’on retient pour se donner une idée (souvent fausse) de la capacité de l’Etablissement considéré à diffuser de la musique.
  • D’autres valeurs limites, exprimées en dB (linéaire, non pondéré) sont exigées: les niveaux sonores limites sur chaque bande de fréquence considérée, de 125 Hz (basses fréquences) à 4000 Hz.

Une autre bande de fréquence (63 Hz) est également étudiée, même si elle ne figure pas dans la réglementation.

Ces différentes valeurs définissent un « spectre sonore », et déterminent d’une certaine manière la qualité sonore qui résultera des calculs.
La valeur résultante en niveau global (Laeq) en dB(A) peut dans certains cas, constituer un trompe l’œil sur le niveau sonore ressenti et surtout sur la qualité sonore.

Dans l’exemple ci après, on voit qu’une valeur globale de 102 dB(A) peut correspondre à des situations réalistes, et d’autres moins.

Ainsi, le spectre « théorique » de 102 dB(A) peut, en raison d’une isolation acoustique faible, correspondre en valeur « réaliste » à une diffusion de 73 dB(A) –> la valeur en dB de référence étant prise par défaut sur la fréquence la plus basse, en appliquant un spectre proche de celui des musiques actuelles.

Un spectre sonore limite comportant des valeurs défavorables sur certaines bandes de fréquence (ci dessus à gauche), conserve parfois une valeur élevée en niveau théorique, mais engendre deux conséquences:

  • Une qualité sonore médiocre voire catastrophique si on applique les valeurs limite sans précaution
    ou
  • Un niveau sonore fortement réduit parfois de plus de 25 décibels, par rapport au niveau théorique si on se réfère à un spectre « musical ».

Dès lors, comment définir proprement un « spectre musical »?

Ces dernières années, nous avons élaboré, en fonction des situations (diffusion de musique via des festival, bar de quartier, clubbing, etc.) et du type de musique diffusée, des spectres sonores spécifiques.

Les festivals et événements extérieurs sont aussi concernés par la réglementation sur les sons amplifiés

Ces « spectres de références » de situations type, permettent de mieux expliciter le niveau sonore « ressenti » ou « réel » consécutivement à une limitation sonore. Ils doivent prendre en compte

  • La taille des locaux et la répartition de l’énergie acoustique en fonction des zones étudiées, ainsi que leur sonorité respective
  • Le cas spécifique des festivals de plein air ou des lieux de grande dimension: des fonctions de transfert doivent être calculées entre le niveau sonore mesuré au niveau de la console et celui au niveau du public
  • Les caractéristiques des systèmes de sonorisations (puissance , directivité, etc.)

A noter que les musiques modernes ne sont plus aussi bornées dans des catégories: les musiques dites de « variétés » incluent des boites à rythme sophistiquées, envoyant un niveau d’énergie très important en basses fréquences

Lors de différentes expériences menées dans plusieurs lieux fermés, représentatifs de la situation de « bar de quartier », dans des ambiances acoustiques différentes, à l’aide de systèmes audio variés, dans le souci de qualité sonore, nous aboutissons à des spectres sonores dédiés.

Dans l’exemple ci dessous (sans limiteur) on mesure le niveau sonore moyen produit par un système Bose composé de: 4 x AMU208, 3x amplificateur Ecler APA1000 et 1 caisson de basses AMS115 dans un espace de 100 m2 d’un espace de « clubbing » dans un bar de nuit.

Sonorisation performante avec un spectre sonore favorable à la diffusion de musiques actuelles

Ce qui ressort en particulier: une différence notoire entre les bandes de fréquence 250,500,1000,2000, d’une part, d’autre part les deux bandes 63 Hz et 4000 Hz, respectivement plus hautes et plus basses dans la répartition spectrale du son. Il s’agit là d’une situation « idéale » dans laquelle la qualité sonore est au rendez vous, malgré la limitation.

Cette expérience nous permet de mieux communiquer sur la valeur réelle qu’indiquera un afficheur sonore, une fois le limiteur réglé.

CONCLUSION

Dans un local musical, une lecture à l’afficheur du niveau global en dB(A) ne peut servir que pour informer les utilisateurs ou clients du dit local sur la dangerosité du niveau sonore: de surcroît, l’accoutumance à un niveau sonore élevé rend nos oreilles « insensibles ». Cette lecture (ou mesure approximative) du niveau sonore ne peut en aucun cas donner une idée de la nuisance à l’extérieur du local.