Les 10 erreurs les plus courantes dans les lieux musicaux de centre-ville

  • Post last modified:18 avril 2022
Les bars musicaux sont directement concernés par les Etudes d’Impact (EINS)

Les Etudes d’Impact des Nuisances Sonores (E.I.N.S.) au sens du décret 2017-1244 du 7 octobre 2017 concernent un nombre d’établissement (E.R.P.) variés, parmi lesquels : restaurants, bars, salle polyvalentes, discothèques, festivals, salles de concert, etc.
Les bars musicaux de centre-ville constituent une part importante parmi ces derniers.
En effet, il est fréquent que ces établissements « partagent » l’immeuble avec des riverains, émettent du bruit à l’extérieur via les ouvrants, que ces bruits proviennent de la musique amplifiée ou d’autres types de bruit.

Après avoir réalisé plusieurs centaines d’EINS dans ce type d’établissement, nous avons listé ci-dessous un certain nombre d’erreurs classiques et récurrentes à éviter de telle sorte que les conséquences en termes d’exploitation n’aggravent pas la situation :

Erreur n°1 : Acheter son propre matériel de sonorisation.

Un système de sonorisation « grand public » est rarement adapté à une exploitation intense, indépendamment de la qualité du matériel. Il convient de faire systématiquement appel à des sonorisateurs professionnels

Erreur n°2 : Choisir du matériel inadapté

Même en faisant appel à des professionnels, certains matériels peuvent poser des problèmes conséquents, parmi lesquels :

– Systèmes bluetooth: certaines « enceintes connectées » sont bridées et ne pourront pas être utilisées avec un limiteur acoustique.

– Les enceintes de type « plafonnier » génèrent des vibrations supplémentaires qui peuvent dégrader l’impact sonore sur le voisinage.

– Les enceintes accrochées sur les murs et plafonds sans désolidarisation

Les caissons de basse sont déconseillés. La plupart des haut-parleurs dits « large bande » émettent suffisamment d’énergie en basse fréquence. Ce conseil ne vaut pas pour les discothèques éloignées des centre villes ou les établissements ayant réalisés des travaux lourds (système de type « boite dans la boite »)

En parallèle, le bureau d’études  Arundo Acoustique peut vous orienter sur l’emplacement, l’orientation et parfois la puissance des sources sonores.

Le limiteur acoustique ne peut pas être installé par l’exploitant : ce matériel doit être calé et certifié par un sonorisateur professionnel ayant une expérience significative dans ce type d’installation

Erreur n°3 : Faire des travaux d’isolation phonique sans précaution

Il est recommandé de se faire accompagner par un BET acoustique pour les travaux d’isolation, en complément d’une entreprise de travaux tous corps d’état. En effet:

– Contrairement aux idées reçues, la plupart des entreprises de travaux ne s’engagent pas sur un résultat, dès lors qu’un état des lieux avant travaux n’aurait pas été réalisé. L’isolement phonique, quantifié après travaux, ne correspond pas à un objectif de la réglementation. Seule l’émergence du bruit est à considérer dans les objectifs de la réglementation.

– Une étude acoustique complète permet de suivre les travaux, rédiger un cahier des charges (notice acoustique) détaillé, détaillant les prestations acoustiques par lots techniques (gros œuvre, second œuvre, CVC, électricité, plomberie, etc.).

Erreur n°4 : Utiliser du matériel précaire

Les EINS sont établies par rapport à une installation fixe, c’est-à-dire, notamment, un emplacement donné des sources sonores. Tout matériel de sonorisation ajouté pour des « événements particuliers » peut être contesté, en effet :

– Il n’est pas forcément référencé dans les EINS.

– Il est souvent plus puissant que le matériel installé à demeure : de surcroît, on ne peut pas facilement assigner un matériel précaire à un limiteur acoustique.

Erreur n°5 : Négliger les autres bruits

– Voix des clients : la jurisprudence dégage en partie certains exploitants du bruit des clients. Cependant l’absence de disposition pour limiter les nuisances liées au comportement des clients est sanctionné par la justice.

– Bruit des extracteurs et systèmes de ventilation : ce type de bruit est réglementé par le code de la santé publique. Le BET acoustique doit être sollicité si le sujet doit faire partie de l’EINS, car la plupart des EINS se limitent à la partie « musique amplifiée ».

Erreur n°6 : Ne pas prendre en compte les ouvrants

La plupart des EINS sont réalisées dans une configuration dite « habituelle » d’exploitation, généralement considérée en période nocturne, c’est à dire le plus souvent portes et fenêtres fermées. Si d’autres configurations sont à prévoir, il faut en informer le BET acoustique afin que cela soit pris en compte dans l’EINS, sous peine que ladite étude soit contestée par les autorités.

Erreur n°7 : Ne pas traiter la sonorité des locaux.

Des travaux d’isolation engendrent souvent des surfaces « lisses », ce qui potentiellement peut créer de la réverbération. Il est important de traiter la sonorité à l’aide de matériaux absorbants, en complément de l’isolation.

Erreur n°8 : se contenter de pose de panneaux légers ou mousses acoustiques.

Lorsque l’isolation vis à vis des tiers est médiocre, un traitement dit « absorbant acoustiquement » n’améliore généralement pas la perception du bruit depuis le voisinage. Le BET acoustique dans le cadre de sa mission de conseil doit se prononcer sur la nécessité de traiter la sonorité et/ou l’isolation.

Erreur n°9 : Attendre les plaintes pour agir

Exploiter un bar musical à proximité des riverains nécessite de prendre en considération ces derniers et d’anticiper les difficultés. Une fois le contentieux arrivé, il devient très coûteux de résoudre les problèmes de voisinage à postériori.

Erreur n°10 : Faire et/ou financer des travaux chez les riverains

Sauf cas très exceptionnels, notre expérience nous a appris que ce type d’opération ne se passe jamais comme prévu :

  • Les gains acoustiques sont généralement faibles, dès lors que l’isolation n’est pas traitée « à la source du bruit ».
  • L’attente esthétique des riverains peut faire l’objet de contentieux : une surélévation du plancher de plusieurs centimètres peut aboutir à des dénivelés importants.
  • En cas de déménagement des riverains, les suivants pourraient refaire des travaux à leur goût. Le droit et la jurisprudence ne penchent pas en faveur des exploitants dans ce cas de figure.